Écriture inclusive, ça vous parle ? Depuis quelques années, l’expression suscite débats, interrogations … et crispations. Plus prosaïquement, la question se pose pour les porteurs de projet, freelances et petites entreprises : faut-il l’utiliser dans sa communication ? Est-ce un choix pertinent, stratégique, ou risqué ? Faisons le point.

Commençons déjà par cadrer la chose. L’écriture inclusive désigne l’ensemble des pratiques linguistiques visant à rendre visibles les femmes et les personnes minorisées dans la langue française, historiquement construite sur des formes masculines dominantes.

Elle repose principalement sur trois principes :

  1. Accorder les métiers, titres et fonctions au féminin : une autrice, une cheffe, une professeure.
  2. Utiliser des formulations épicènes : au lieu de “les étudiants”, on dira “les personnes étudiantes” ou “les étudiant·e·s”.
  3. Employer le point médian (ou d’autres formes) pour marquer le double genre : les utilisateur·rice·s, les collaborateur·trice·s, etc.

L’écriture inclusive n’est pas un phénomène nouveau. Dès les années 1980, des linguistes, féministes et institutions commencent à travailler sur la féminisation des noms de métier. Mais c’est surtout à partir des années 2010 que l’écriture inclusive, dans sa forme actuelle, entre dans le débat public.

Elle a été popularisée dans :

  • Les milieux militants et associatifs ;
  • Le monde universitaire ;
  • Certaines administrations (notamment au Canada ou en Suisse) ;
  • Des entreprises et marques engagées pour l’égalité.

Cependant, son usage divise encore actuellement, notamment en France, où l’Académie française s’y oppose officiellement, tandis que d’autres institutions (comme certaines universités, collectivités ou médias) l’adoptent partiellement ou intégralement.

Il faut bien comprendre qu’utiliser l’écriture inclusive, c’est s’adresser à des publics spécifiques :

  • Les jeunes générations (18-35 ans), notamment engagées ou sensibilisées à l’égalité
  • Les femmes et personnes non-binaires, souvent invisibilisées par la langue classique
  • Les milieux universitaires, culturels, associatifs
  • Les publics sensibilisés aux questions de genre, de représentation, de justice sociale.

Employer l’écriture inclusive, c’est donc affirmer une position politique et sociale : celle de l’égalité, de la reconnaissance, de l’ouverture. Une entreprise qui use de l’écriture inclusive dans sa communication revendique une certaine vision du monde, mieux elle y participe.

Elle se positionne clairement en :

  • Refusant l’invisibilisation d’une partie de la population
  • Reflétant une attention aux évolutions sociétales
  • S’adressant à toutes et à tous, de manière plus inclusive.

Exemples concrets dans la vraie vie ?

  • La plateforme de mode Zalando a utilisé l’écriture inclusive dans ses campagnes publicitaires, notamment avec des formulations au point médian (ex : « client·e·s », « créateur·rice·s »). Cette démarche, mesurée et ciblée, contribue à renforcer une image de marque engagée, tout en conservant la lisibilité et l’impact d’un message professionnel (dixit motscles.net).
  • Le CNAM a mis en place dès 2016 un manuel interne d’écriture inclusive, complété par des formations et une charte de communication, avec pour résultat une hausse de 30 % des candidatures féminines en deux ans. Cela illustre bien qu’un choix linguistique inclusif peut être stratégique, réfléchi et porteur de résultats concrets (dixit également mostcles.net).

Si l’écriture inclusive peut renforcer la cohérence d’une marque engagée, il faut aussi envisager qu’ellepeut avoir des effets secondaires sur la perception du public. Selon le secteur d’activité, le positionnement ou la cible, elle peut :

Créer un décalage générationnel ou culturel

Certaines personnes, notamment parmi les publics plus âgés ou éloignés des milieux militants, peuvent percevoir l’écriture inclusive comme un code opaque, voire comme une forme de snobisme ou de militantisme excessif. Cela peut entraîner :

  • Un sentiment d’exclusion ou de confusion
  • Une perte de lisibilité
  • Une rupture de confiance si le ton devient perçu comme condescendant ou moralisateur

Heurter certaines sensibilités

Les profils issus de milieux conservateurs, ou les personnes peu familières avec les débats autour du genre et du langage, peuvent être rebutés par l’écriture inclusive, qu’ils associent parfois à une prise de position politique ou idéologique clivante.
Ce rejet peut être renforcé si :

  • L’écriture inclusive est utilisée de façon rigide ou systématique (ex. : surcharge de points médians)
  • Elle n’est pas expliquée ou contextualisée dans la stratégie globale

Entrer en contradiction avec certaines normes ou attentes institutionnelles

Dans certains secteurs (juridique, médical, financier, administratif…), ou face à des institutions traditionnelles, l’écriture inclusive peut nuire à la crédibilité ou au sérieux perçu d’un message. Des organismes publics ou privés peuvent avoir des politiques internes interdisant son usage (comme l’administration française à travers une circulaire de 2021).

Là aussi quelques exemples pour illustrer la chose :

  • En 2020, la municipalité de Lyon a adopté une écriture avec point médian. Des associations (comme la Fédération française des DYS ou Handicap.fr) ont aussitôt alerté sur les difficultés d’accessibilité pour les malvoyants, dyslexiques, ou utilisateurs de lecteurs d’écran.
  • Comme le rapporte Connexionfrance.com, en 2021, un lecteur repère l’usage de l’écriture inclusive dans un email du fournisseur d’électricité britannique Bulb. L’initiative suscitedes réactions mitigées auprès de certains abonnés, plus perplexes qu’engagés, ce qui a mis en lumière un choix de style pas toujours adapté aux publics moins sensibles au débat linguistique.
  • En mai 2023, les statuts d’un service de l’Université Grenoble‑Alpes rédigés en écriture inclusive ont été censurés par le tribunal administratif, jugeant cette formulation contraire à l’exigence de clarté dans les documents officiels (cf Ouest-France).

Attention donc : utiliser l’écriture inclusive n’est jamais neutre. Cela peut séduire certains publics, et en rebuter d’autres. Il est donc essentiel de connaître votre cible avant de faire quoi que ce soit et d’assumer ce choix en cohérence avec votre image. Là, clairement, on touche au cœur du problème.

L’usage de l’écriture inclusive s’avère un choix éditorial fort, qui doit impérativement être aligné avec votre identité de marque, votre positionnement et votre cible.

Cas où l’écriture inclusive est pertinente :

  • Si votre entreprise se positionne sur des valeurs d’inclusivité, de diversité, de progrès social ou de féminisme ;
  • Si vous travaillez avec des collectifs, ONG, structures associatives ou éducatives ;
  • Si votre cible est majoritairement jeune, sensible aux enjeux sociaux, féministes ou LGBTQIA+ ;
  • Si vous souhaitez vous démarquer dans un secteur traditionnellement masculinisé.

Dans ce cas, l’écriture inclusive devient un signal de cohérence entre vos valeurs, vos actions, et votre langage.

Cas où elle peut poser problème :

  • Si votre public est peu familier de ces codes ou y est réfractaire (personnes âgées, professionnels très traditionnels…) ;
  • Si votre secteur est très formel (juridique, technique, médical) et requiert une lisibilité maximale ;
  • Si vous vous adressez à l’international (traduction difficile) ;
  • Si vous n’êtes pas à l’aise avec l’orthographe inclusive : mieux vaut une langue neutre bien maîtrisée qu’un usage maladroit.

Après toutes ces indications, vous optez pour l’écriture inclusive. Autant le faire covnenablement. Voici quelques conseils pour que cela reste lisible, fluide et efficace :

1. Préférez les formulations épicènes

Au lieu d’utiliser systématiquement le point médian, reformulez :

  • “Les étudiant·e·s” → “Les personnes étudiantes”
  • “Les client·e·s” → “La clientèle”.

C’est plus fluide à la lecture, surtout sur mobile ou pour les personnes dyslexiques.

2. Féminisez les titres et fonctions

N’hésitez pas à écrire “la cheffe de projet”, “une avocate”, “une ingénieure”. C’est une forme de reconnaissance importante.

3. Utilisez le point médian avec modération

Uniquement dans des cas où cela reste lisible :

  • “les salarié·e·s”
  • “les entrepreneur·e·s”.

Ne l’utilisez pas :

  • Dans des textes longs
  • Dans les titres
  • Dans les formulaires ou contenus juridiques.

4. Soyez cohérent.e dans l’ensemble de votre communication

Si vous l’adoptez, faites-le dans tous vos supports (site, réseaux sociaux, print, newsletters) pour rester aligné.e.

Adopter l’écriture inclusive, est un choix stratégique et éditorial fort, pas une obligation.

Lancez-vous si :

  • Vous voulez affirmer une identité engagée ;
  • Vous visez un public ouvert à ces codes ;
  • Vous vous sentez à l’aise avec les reformulations nécessaires.

Évitez si :

  • Votre cible y est fermée ou peu sensibilisée ;
  • Vous devez garantir une lisibilité irréprochable ;
  • Vous ne vous sentez pas prêt·e à l’utiliser de manière fluide et cohérente.

Alternative : utilisez une langue épicène, neutre et inclusive sans point médian. C’est souvent un bon compromis.

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